Le colloque de l'AGSAS s'est tenu les 1er et 2 octobre 2022 sur le thème 

Entre idéalité et humanité, osons l’utopie et la créativité 

 


Notre réflexion, sur ce thème 

 

En ces temps chaotiques où professionnels autant qu’enfants de tous âges sont l’objet de contraintes de plus en plus étouffantes et déshumanisantes, il paraît vital d’aller explorer ce qui permet de se dégager des fatalités de nos histoires, de notre Histoire commune. En un mot, acquérir une place de Sujet.

Faire du lien entre ce qui, à la fois, sépare et réunit le réel et l'idéal, l'universel et le singulier, l’inconscient et le conscient, nécessite que nous soyons en mesure de faire preuve de créativité, d’imaginer le monde, pour réussir ce que nous pouvons appeler « l'art de la pontonnerie ». Les Ateliers de Réflexion sur la Condition Humaine nous offrent déjà des « ARCH » facilitants pour construire ces ponts !

 

Si la rêverie permet le développement de la créativité, elle est également essentielle à l'utopie qui donne vie à l'espérance.  Face aux obstacles personnels, professionnels et sociétaux qui se dressent devant nous, allons-nous baisser les bras, abandonner la rêverie et la liberté, ou plutôt oser ensemble ? 

 

Durant ce colloque, nos « u-topies » trouveront des lieux et les intervenants, ateliers et témoignages seront tous porteurs à leur manière d’une dimension créatrice permettant de jeter des ponts entre nos idéaux et la réalité.

Ils donneront matière à imaginer des petits pas et des grands pas pour conjuguer utopie et humanité, dans notre propre relation au monde, et pour accompagner dignement tous ceux qui ont besoin d'aide, entre autre avec ce que nous appelons le Soutien au Soutien.

 


Les intervenants qui nous ont aidés à co-réfléchir pendant deux jours 

 

Loren Roumenchko

Anthropologue et ethnopsychiatre, il étudie le développement de l'enfant et les systèmes pédagogiques dans les sociétés primitives. 

Il donnera la  conférence introductive du colloque sur le thème  de "La nécessaire utopie réaliste dans le développement des sociétés post-modernes". 

 

Un titre de conférence quelque peu "prise de tête", un intervenant mystérieux.... le public attend dans l'expectative, curieux et peut-être méfiant. 

Et voilà que deux clowns apparaissent, la conférencière parle en gromlo et l'autre clown traduit : il s'agit d'utopie, partagée ou partageable, de rebond (avec un ballon) de fondamentaux à chercher, de connexion à trouver, tout cela très progressivement, avec une délicatesse infinie pour permettre aux participants d'entrer dans cette proposition créative qui ouvrait le colloque. 

Réussi ! le silence du début disait bien la perplexité, voire la sidération, et les applaudissements en fin de spectacle la qualité de ce qui s'était passé, pour tous et pour chacun.

Et rassurez-vous, il y a bien eu une conférence, Loren Roumenchko alias Laurent Martinet, art thérapeute travaillant entre autres lieux au CMP de l'hôpital de Blois, a évoqué sur le plan théorique ce que permet le clown et raconté avec beaucoup de tendresse et d'émotion ces enfants du CMP qui apprivoisent Jojo le clown.

"Ne pas faire le clown, être clown", "mettre un habit de clown et pas un costume de clown"

"Le clown permet de rencontrer sa propre étrangeté, ses zones d'ombre"

"Le nez (de clown) est le plus petit masque, il protège et permet d'être soi" et "il y a des règles du jeu"

"Le clown fait avec les failles, le manque, la non réussite, à la différence de la société actuelle. C'est la véritable utopie : se décaler par rapport aux valeurs de cette société"

 


 

Christiane Page

Institutrice en maternelle, en primaire puis enseignante en collège, elle a toujours pratiqué des activités dramatiques avec les élèves.

Elle a été professeur des universités en études théâtrales à l'Université de Rennes 2 Haute Bretagne. Sa recherche s'est orientée vers l’analyse des relations théâtre/éducation/formation (enfant, adulte, amateur, professionnel). Elle a également fait de la formation de comédiens.

Elle exerce actuellement comme psychologue clinicienne, psychanalyste.

   

Le texte ci-joint peut-être lu comme une introduction au thème qu'elle se propose d'aborder lors de ce colloque.

 

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50 ans de répertoire jeune public sur la scène et dans les livres
50 ans de repertoire jeune public sur
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Un écho très visuel avec cette photo et le dessin croqué sur le vif par une participante douée (Agnès Pautard)

Cliquez sur le dessin pour l'agrandir 


 

Emilie Kattil Poureil

Investie en tant qu'habitante dans le développement d'un projet de tiers-lieu dans le 20ème arrondissement à Paris, elle conduit une recherche sur le pouvoir d’agir et la participation des habitants dans les tiers-lieux.

 

Aurélien Denaes 

Cofondateur de Casaco, tiers-lieu coopératif à Malakoff, il est engagé dans le développement des tiers-lieux, espaces de travail collaboratif, de lien social et d’innovation.

Il est co-initiateur et co-coordinateur d'A+ c'est mieux !, rassemblement de travailleurs de tiers-lieux d'Île-de-France, co-responsable du Cercle formation-accompagnement et co-référent de la formation Piloter un Tiers-lieu en Ile-de-France.

Son intérêt va vers les tiers-lieux  comme possibilité de co-construire des espaces démocratiques rassemblant des parties prenantes s'associant librement et favorisant l’autonomie, la singularité et la citoyenneté. Il oeuvre pour favoriser rassemblement, mutualisation et plaidoyer entre tiers-lieux ouverts, collectifs et indépendants.

Il propose cet article pour entrer dans le thème

https://tierslieux.anct.gouv.fr/fr/les-pratiques-democratiques-en-tiers-lieu/

 

Dimanche après-midi, juste après la pause déjeuner... pour éviter la somnolence, Aurélien et Émilie ont proposé une petite douche... sèche, mais bien remuante, le public était éveillé.

Les tiers-lieux, leur ancrage dans l'histoire, leur actualité, leurs caractéristiques, ce qu'ils apportent à la démocratie, ce qui les menace... un exposé d'une grande richesse.

"Tiers : une 3è voie entre ce qui est privé et ce qui est étatisé"

"Tiers : un 3è lieu entre la maison et le lieu de travail" 

"L'usager devient contributeur"

"Lieux où peuvent se croiser des gens qui ne se croisent jamais du fait de leurs vies sociale et professionnelle différentes"

"Risque de récupération des tiers-lieux par la marchandisation d'une part (l'entreprise privée), l'institutionnalisation d'autre part (l'État)"


 

Équipe pédagogique de l'école Jacques Lévine 

Une longue histoire de travail avec Jacques Lévine autour de "l'école des 4 langages" a conduit l'équipe de cette école à lui donner ce nom à l'occasion de la construction d'une nouvelle école pour la commune (Chabannières, proche de Lyon). L'architecture elle-même porte la marque de cette conception.

" Il faut cesser de considérer les problèmes d’échec ou de réussite scolaires de façon étroite. Nous savons qu’une image de soi positive, valorisée, permet une adhésion forte aux apprentissages. Car si l’enfant est suffisamment fier d’un statut d’enfant ”interlocuteur valable”, reconnu comme capable de réfléchir sur l’existence, il est certain que, dans le cadre d’une pédagogie plus diversifiée, il passera plus facilement du camp des perdants au camp des gagnants, d’un sentiment de refus des apprentissages à celui de l’envie d’apprendre, et du camp des démotivés à celui des motivés."

La visée de cette école est de combiner la croissance du groupe, le sentiment d'appartenance à la communauté scolaire et le développement des potentialités et curiosités de chacun.

https://www.facebook.com/watch/?v=712697669155728 : l'inauguration de l'école

L'école des 4 langages 

 

L'après-midi du samedi a débuté avec la projection du film produit par l'AGSAS et réalisé par Rencontres et Débats Autrement sur l'école Jacques Lévine tout au long de l'année 2021-2022. On y voit et entend les enseignants et enfants de l'école, les parents, d'anciens élèves... qui disent ce qui pour eux fait la spécificité de cette école.  À l'heure où des "piliers" de son histoire partent en retraite, une utopie toujours à partager ?

Après la projection, les participants au colloque ont pu échanger avec deux enseignants de l'école, les réalisateurs, un membre de la petit équipe AGSAS qui a accompagné ce projet de bout en bout. 

 


 

Équipe pédagogique de l'école Pajol, Paris 18è arrondissement

L'école Pajol a aujourd'hui 18 ans, elle a eu envie de raconter son histoire : les enfants, les parents, l'équipe s'emparent des caméras pour une création collective.

Dans cette école les individualités se mettent au service du collectif et le collectif au service des individus. Chacun est un interlocuteur valable quelle que soit sa place et sa fonction.

L'attention à l'autre est primordiale : «Nous faisons en sorte que tous les parents non seulement entrent mais entrent la tête haute à l’école".

Inspirée de l'Éducation Nouvelle, c'est une école où, comme l'écrit Jacques Lévine, « Il s’agira d’inventer les stratégies et les détours qui permettront de développer des enfants, qui ne sont pas pareils au départ, qui ne seront pas nécessairement pareils ou égaux en terme de parcours, mais à qui auront été données des chances pareilles en matière de compétences diversifiées ».

Montrer par cet exemple qu’un autre modèle est possible.

Autre école, autres images : les participants ont eu droit en "avant première" aux rushes d'un film en cours de réalisation par les parents de l'école Pajol. Une école ouverte voici 18 ans, avec une équipe d'enseignants qui est un vrai collectif, confrontée aux départs en retraite d'enseignants présents dès le départ, dont la directrice... l'enjeu de la continuité est majeur !

Presque toute l'équipe d'enseignants était là pour échanger après la projection. 


Organisation, contenu :

Conférences suivies d'échanges, ateliers divers (dont des ateliers « créatifs »),

témoignages à propos de lieux où l’utopie est « en acte ».

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Programme du colloque 2022 (actualisé au 10 septembre)
Grille colloque 2022-10 septembre sans c
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Inscription

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Bulletin d'inscription au colloque 2022
BULLETIN INSCRIPTION COLLOQUE 2022 inter
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En complément, pour accompagner l'entrée dans ce thème

Des propos qui ont inspiré le CA dans sa préparation de colloque, pistes de lectures possibles ?

 

Dans sa réflexion sur le thème du colloque 2022, le CA de l'AGSAS  été frappé par la pertinence, pour les temps actuels, des propos pourtant un peu anciens d'Albert Jacquard et de Jacques Lévine.

 

Sur la 4ème de couverture du livre d'Albert Jacquard, Mon utopie, on lit ceci (2009) : 

" J'atteins l'âge où proposer une utopie est un devoir; l'âge où les époques à venir semblent toutes également éloignées : qu'elles appartiennent à des siècles lointains ou à de prochaines décennies, elles sont toutes tapies dans un domaine temporel que je ne parcourrai pas. " 

À une époque où tout le monde ne parle que de " réalisme " pour en fait imposer la dictature de l'argent, Albert Jacquard prend ici du recul. Recul par rapport à sa propre trajectoire dont il retrace le fil ; recul par rapport à l'actualité et ses contraintes en imaginant ce que pourrait être une "Cité où tout serait école ", où le travail aliénant serait réduit au minimum, où personne ne se soucierait du déficit de la Sécurité sociale parce que les soins seraient considérés comme un droit imprescriptible, où la lutte pour la compétition serait abolie, où l'accumulation des richesses céderait le pas à l'organisation des rencontres...

Utopie que tout cela ? Bien sûr, mais raisonnable. Le cours des choses n'a-t-il pas déjà commencé à donner raison à Albert Jacquard ? Et puis, qu'y a-t-il de plus sensé que de chercher une nouvelle voie quand nous savons les autres irrémédiablement bouchées ? 

 

Dans Anthropologie des savoirs scolaires, en 2008, Jacques Lévine écrit, sur la question de l'hétérogénéité  : 

« Le problème de fond revient à résoudre la quadrature du cercle : combiner la conduite collective de la classe avec le souci du développement optimal de chacun. Nous avons à inventer les stratégies et détours nécessaires pour développer des enfants pas pareils au départ, qui ne seront pas nécessairement pareils ou égaux au terme du parcours, mais à qui auront été donnés entre temps des chances pareilles en matière de compétences diversifiées. 

Utopie ? Peut-être, mais il n’existe pas de pire utopie que celle qui prétend qu’on peut se passer d’utopie. »

Son utopie : le "Moi groupal de deuxième type", la "pédagogie des trois alliances", etc.

Et aussi ceci, que dit Susan Neiman dans son ouvrage Grandir. Éloge de l'âge adulte à une époque qui nous infantilise

Il faut, pour grandir, avoir fait l’expérience du « gouffre », ou du « fossé », qui, à la fois, sépare, et unit, réel et idéal.

Il faut « reconnaître l’abîme qui sépare le “est” du “devrait être” tout en essayant de préserver chacun de ces deux modes ».

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Une recension du livre de Susan Neiman
Grandir Susan Neiman par Hadji.doc
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