Le colloque 2020 a eu lieu les samedi 3 et dimanche 4 octobre à Paris, Auberge de jeunesse Yves Robert (18è)
Le thème :
PRENDRE SOIN, ENSEMBLE, DES LIEUX ET DES LIENS ÉDUCATIFS
En octobre 2019, nous avons initié les premières Rencontres d’automne de l’AGSAS qui avaient pour thème « À l’école… ou ailleurs, comment penser les souffrances, les espoirs ? Avec l’AGSAS, vivre et faire vivre l’expérience de la confiance ».
Dans huit lieux, nous avons réfléchi aux souffrances liées au métier, entre inconfort et conflictualité, entre intime et professionnel. L'objectif de ces rencontres étaient aussi de dégager des pistes pour notre colloque d’octobre 2020...
Si ces souffrances disaient la nécessité et la difficulté des liens à créer, à consolider, elles disaient aussi les espoirs qui naissent dans les rencontres avec les enfants, leurs familles, les collègues, rencontres qui amènent la question des lieux où elles se vivent
Cette problématique résonne encore plus curieusement aujourd’hui. Comment se sont tricotés les liens entre les personnes durant la période de confinement ? Avec quel plaisir, et quelles déchirures aussi, se rencontreront-elles à nouveau ?
Plus généralement, comment les enfants, adolescents, adultes, investissent-ils leurs lieux éducatifs, ces « habitations » dont Jacques Lévine disait qu’elles étaient destinées, dans leur intentionnalité, à « donner des soins à la croissance » ?
Nous avons réfléchi avec :
La revue JE est un autre n°31 rend compte des différents moments de ces deux journées. Elle est incluse dans l'adhésion, les adhérents 2020-2021 la reçoivent donc automatiquement. Elle peut être achetée à l'unité, voir ici.
Quelques échos de ce colloque...
Pendant deux jours, entre 70 et 80 personnes ont écouté les intervenants, participé aux échanges, feuilleté les publications... tout cela dans le contexte de mesures sanitaires en vigueur.
Tous, intervenants, participants, ont exprimé le plaisir de se retrouver "en présence", alors que le confinement et ses suites ont entraîné un usage de plus en plus fréquent des échanges derrière les écrans.
Nous vivons, dit la psychanalyste Elisabeth Serin, "une expérience d'inhibition massive, à la fois du corps, de la pensée et du désir". Ce colloque se voulait l'occasion de lever au moins l'inhibition de la pensée.
Parmi les auteurs qui aident à réfléchir à la question du soin, Cynthia Fleury, auteure de Le soin est un humanisme (Gallimard, collection Tracts, 2019).
"Le soin est une fonction en partage", dit-elle. Elle parle du "soin comme élaboration imaginative", en référence à Winnicott qui "définit le soin comme l'élaboration imaginative de la mère". Il faut entendre le mot soin au sens large, bien sûr, et non pas seulement dans la dimension de la santé.
Et elle interroge : "Nos institutions sont-elles capables d'élaboration imaginative ?"
De brefs textes ont été proposés, dans le dossier remis aux participants, en rapport avec le thème du colloque.
Évoquant les lieux où il rencontre des adolescents dits décrocheurs, Xavier Gassmann nous a dit que l'adolescent ne se nomme pas comme "décrocheur". Rencontrant un adulte, il se demande "Qu'en est-il de l'autre capable de recevoir la malaise qui est le mien ?"
Bernard Golse, à partir de "ce que le bébé nous apprend du soin au soin" (titre de son intervention), nous a montré comment le Soutien au Soutien se rattache à la problématique des différentes enveloppes, à la fois contenantes et limitantes, et à la narrativité.
« Le Soutien au Soutien est une promesse faite aux adultes de ne jamais rester seuls face à ce qu’on ne comprend pas »
Un accueil bienveillant par principe : c'est la base de la fonction phorique dont nous a parlé Pierre Delion dans un entretien enregistré en vidéo, que vous pouvez visionner en plusieurs chapitres :
1) Introduction
3) Prise en charge collective dans un lieu éducatif
4) Fonction phorique déficiente : quelles conséquences sur l'enfant ou l'adolescent ?
5) La fonction phorique et les adultes : comment prendre soin du professionnel ?
Et quel plaisir de découvrir tous les témoignages :
- l'école Jacques Lévine, comme un "laboratoire" de l'école des 4 langages, élaborée petit à petit tout au long des années où Jacques Lévine est régulièrement venu travailler avec l'équipe enseignante ;
- le Microlycée94 où l'organisation du temps et des lieux est pensée (et re-pensée si nécessaire) comme un cadre contenant qui fait la place aux prises de responsabilité des élèves revenant au lycée après une rupture plus ou moins longue ;
- les propositions de l'AGSAS : à l'école Pajol qui accueille avec beaucoup de "soin" les enfants et leurs parents, au collège avec l'année de "classe du deuxième type" vécue par une classe de 6è, et dans les groupes de Soutien au Soutien où il est pris soin des participants au groupe autant que des personnes dont il est question au cours des situations étudiées.